Lignes de force by Kenny Paul

Lignes de force by Kenny Paul

Auteur:Kenny, Paul [Kenny, Paul]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Espionnage
Éditeur: Fleuve Noir
Publié: 2014-01-11T20:15:30+00:00


CHAPITRE VIII

Le lendemain après-midi, Coplan prit l’avion pour Washington.

Il souffrait d’un léger mal au crâne, consécutif à la quantité incroyable de boissons alcoolisées qu’il avait ingurgitées la veille. Il avait encore l’impression d’avoir de la boue dans son estomac.

Katz n’avait pas changé : il éclusait toujours sans dommage des vitriols de toutes marques.

Coplan gagna la place qu’on lui avait assignée avant son entrée dans l’appareil. Il allongea ses jambes tant qu’il le put et appuya sa tête sur le dossier, indifférent aux autres passagers et se promettant de s’endormir aussitôt après le décollage.

Des voyageurs pénétraient en file indienne dans la carlingue, cherchaient le numéro de leur fauteuil, se débarrassaient de leur manteau, jonglaient avec des sacs et des magazines. Une femme ravissante, habillée d’une redingote beige clair, attira cependant l’attention de Coplan. Elle était accompagnée par un quinquagénaire élégant, visiblement fortuné.

Le couple alla occuper des sièges deux rangées en avant de celui où Francis était assis, disparut à ses yeux.

Les réacteurs se mirent à chantonner ; lentement, le jet se dégagea de l’aire de stationnement pour rejoindre, d’une allure plus allègre, sa piste d’envol.

Quelques minutes plus tard, il quitta le sol avec une légèreté de javelot et monta vers l’azur.

Tout en jetant un dernier regard aux gratte-ciel que l’appareil laissait sur sa gauche, Coplan recommença à se creuser les méninges pour deviner ce qui s’était passé dans l’esprit de Molly Saunders.

Jamais, jugea-t-il amèrement, il n’aurait dû l’abandonner au buffet de la gare alors qu’elle était commotionnée, en proie à un profond désarroi moral.

Il ferma les yeux. Aussitôt surgirent derrière ses paupières closes des images de la nuit précédente : des girls évoluant sur la piste du Copacabana, le trio de musiciens noirs de l’African Room et l’adorable négresse presque nue, au visage d’idole encadré par un turban, qui se contorsionnait sur une toute petite estrade au rythme de leur jazz syncopé. Puis Katz, hilare, emberlificoté dans des serpentins dans une boîte de Greenwich Village.

Francis ne comprit pas pourquoi une jeune fille sérieuse, dotée de lunettes, aux cheveux noirs dépeignés, et qu’il avait sûrement déjà rencontrée, refusait de danser avec lui. Elle le fixait avec des yeux hagards, emplis d’épouvante, bien qu’il lui manifestât la plus grande déférence. Pour la rassurer, il tendit vers elle des mains bienveillantes, mais elle se rétracta, se leva brusquement et s’enfuit dans l’obscurité. Il courut après elle sans réussir à la retrouver. Alors un homme lui posa une main sur l’épaule et lui murmura quelque chose à l’oreille.

— Quoi ? Que dites-vous ? s’inquiéta Coplan, émergeant de son rêve.

— Accrochez votre ceinture, s’il vous plaît. Nous atterrissons, répéta l’hôtesse de l’air.

Il écarquilla les yeux, les tourna vers le hublot. Effectivement, l’appareil survolait Washington, virait sur l’aile pour s’aligner sur le cours du fleuve Potomac.

Bien réveillé, Coplan rajusta son nœud de cravate défait tandis que le Bœing plongeait vers la piste. Peu après, l’appareil se posa et freina, dans un sifflement de tempête, pour emprunter une voie de dégagement. Il n’était pas encore immobilisé que les passagers se levaient pour rassembler leurs affaires.



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